Les églises

L’histoire  des églises est dominée par les heurs et malheurs de l’église de Sanit-Jean, église paroissiale du Bleymard.

L’essentiel de cette histoire figure dans le livre de voyage de Jacques Porcher, édité en 1894. J’ai reclassé et regroupé ce qui m’a paru intéressant dans les trois paragraphes suivants.

  1. L’église de Saint-Jean
    1. Les desservants
    2. L’église de Saint-Jean et la révolution
  2. Les églises du Bleymard
    1. La chapelle de Peyrofioc
    2. L’église du Bleymard

1. L’église de Saint-Jean

1.1. Les desservants

On trouve un écrit de 1730 rédigé par Claude Leblanc, prieur et chapelain de l’église de Saint-Jean.

Le premier nom cité dans l’ouvrage de J. Porcher est Jean Louis Fede, prieur de Saint-Jean. Son vicaire, Jean Louis Pichot était, semble-t-il, chargé de la desserte de la chapelle du Bleymard.

Le premier acte de Jean Louis Pichot est le baptême de Jean Privat le 20 juin 1769 où il signe Pichot procurè alors que le 20 janvier 1770, pour le baptême de Catherine Joncous il signe Pichot vicaire.

Le 14 mai 1787,  Jean Louis Fede, fait acte de résignation en faveur de Guilhaume Pichot, né à Pradelle, lequel prend possession de la cure de Saint-Jean « par les mains de M. Giral curé de Saint-Germain-du-Teil ». Le premier acte de Guilhaume Pichot est le baptême de Louis Bros le 31 août 1787.

Il eut successivement comme vicaires :

  • Urbain Chas qui baptisa Jeanne Pigeire le 21 janvier 1788
  • Etienne Itier qui baptisa Augustin Buisson, mon aïeul, fils de Buisson et Catherine Rocher, le 15 juin 1789. M. Itier décède à l’âge de 30 ans. Il est enterré devant la porte de l’église le 16 juin 1790.
  • Jacques Brunel (voir aussi ci-dessous) dont le premier acte fut la sépulture de Jeanne Oziol le 8 août 1790.

Guilhaume Pichot se retire dans la cure de Saint-Jean où il meurt le 7 mai 1809.  Il fait de M. Merle, curé de Prévenchères, son héritier (pas rancunier, voir l’affaire du clocher), chez M. Rouvière maire du Bleymard, qui dresse un long inventaire de son mobilier et d’une bibliothèque « considérable et recommandable ».

Le successeur de Guilhaume Pichot, M. Trebuchon, « fit preuve du même dévouement ».

Cependant, il convient de noter que l’attachement de leurs paroissiens et de M. Hilaire leur voisin fut l’unique ressource de ce prêtres. Ces paroissiens ont payé leurs curés pendant 35 ans sans recevoir aucune indemnité de l’État ni d’ailleurs ; unique exemple dans le diocèse.

Notons que la cloche actuelle fut fondue en 1883 (elle remplace celle de 1822) et fut baptisée par son parrain Ernest Rouvière, maire du Bleymard.

La paroisse de Saint-Jean fut supprimée en 1917.

1.2. L’église de Saint-Jean et la révolution

L’église et ses prêtres eurent particulièrement à souffrir de la terreur. Deux récits significatifs sont rapportés par J. Porcher.

Jacques Brunel, vicaire clandestin sous la Terreur

Jacques Brunel, vicaire de Guilhaume Pichot, bravant les interdits de la Terreur, se portait au secours des malades et administrait les sacrements dans les villages voisins. Il baptisa Anne Doladilhe des Alpiés le 30 décembre 1792, le 16 mai1794, aux Alpiés et maria Pierre Savinier avec Marie Brès. Il resta vicaire du Bleymard jusqu’à l’exécution, à Montpellier, de M. Robert curé de Puylaurent dont il fut le successeur. Il parait que J. Brunel se serait caché particulièrement chez la veuve Jourdan sous l’accoutrement d’un cardeur de laine.

Guilhaume Pichot ne figure dans aucune liste durant la révolution.

Le dépeçage du clocher

Pendant la révolution le clocher de Saint-Jean fut abattu, l’église pillée, le mobilier brûlé ou remis à l’autorité du district. Les pierres de taille du clocher ne manquaient certainement pas d’attirer des convoitises et la pièce suivante montre dans quelles circonstances le maire tenta de récupérer ces pierres.

Je soussigné Pierre Privat, propriétaire foncier du hameau de Valescure, commune du Bleymard, propriétaire de la ci-devant église et des pierres du clocher démoli de Saint-Jean-du-Bleymard, vendue par l’Administration Centrale du département de la Lozère, le 11 fructidor an 4 (28 août 1796), en faveur de sieur Chas Lavignole qui agissait pour moi et au lieu et place duquel je me trouve dénoncé à M. le Procureur Général et Impérial, par les cours de justice criminelle et spéciale du département de la Lozère, que le sieur Ernest Rouvière aîné, maire et actuellement percepteur à vie des contributions de la dite commune, abusant de la crédulité et de l’ignorance de certains de ses concitoyens et de l’ascendant que les places lui donnent sur leur esprit, il les conduisit à se transporter au nombre de trente ou quarante, avec des chars attelés auprès de l’église dudit Saint-Jean, le 23 messidor (11 juillet 1796) dernier, au prétexte de les conduire plus loin pour charger de la tuile ou ardoise, et qu’étant arrivés là, il les obligea à charger leurs chars de pierres de taille du clocher démoli, comprises dans la susdite adjudication.

Un certain de ceux qui formaient la bouade ayant refusé de charger les dites pierres et se retirait son char vide, il le força à revenir sur le local où étaient lesdites pierres pour en faire sa charge et a employé même à cet acte de violence certains gendarmes de la brigade du Bleymard. Et comme cette voie de fait est évidemment dirigée envers moi, en qualité d’acquéreur des biens nationaux, dont les lois m’assurent la pleine garantie ; je donne connaissance de ces faits à votre ministère afin que venant au secours de ma propriété, vous provoquiez l’entière exécution des lois contre les délinquants et ferez justice.

En foi de quoi, j’ai signé ma présente déclaration, le 1er thermidor an 13 (20 juillet 1805), Privat.

Ce récit illustre, entre autres considérations, la pratique assez courante consistant à récupérer les belles pierres et notamment les linteaux des monuments en ruine pour en orner les maisons. Ceci m’a conduit à photographier les linteaux de la plupart des habitations actuelles et de les présenter dans ce site ci-dessous.

2. Les églises du Bleymard

2.1. La chapelle de Peyrofioc

En 1671, François Chauchat, curé de Saint-Jean, crée une fondation afin de construire une église au Bleymard. Les habitants sont appelés à financer cette entreprise par des dons annuels :

C’est ainsi qu’André Pigeyre de Valescure donne vingt sols par an, Me Ferrand donne cinq livres par an, etc.

C’est dans cette chapelle que fut fondée la confrérie des pénitents blancs confirmée par la bulle de Benoit 12, le 6 mars 1732.

L’ancien tabernacle de Saint-Jean est mis en place dans cette chapelle en 1730 avec un grand luxe de précautions :

Nous Claude Leblanc prêtre, ayant acheté un tabernacle de pris de 210 livres, l’avons fait poser dans notre église de Saint-Jean le 22 mars 1730 et avons fait présent du vieux qui était dans notre église, aux pénitens que nous avons établi dans notre chapelle de Peyrefioc au Bleymar, et prétendons qu’en cas notre successeur à ladite chapelle et autres qui lui succéderont, veuleussent inquiéter les penitens, ou les sortir de ladite chapelle, voulons dis-je, en ce cas et non autrement, qu’ils puissent le faire changer à la chapelle qu’ils seront contraints de bâtir.

Leblanc prêtre et chapelai

2.2. L’église du Bleymard

En 1871, M. Victor Ollier, né à Saint-Chély-d’Apcher, curé doyen de la paroisse, a fait entreprendre la construction d’une nouvelle église « régulière et suffisante dont le clocher, vu de loin relève bien l’endroit ».

La bénédiction a lieu le 15 août 1876 et la nouvelle église est consacrée le 17 septembre.

La nouvelle église de la paroisse, érigée en l’honneur de la Très Sainte Vierge Marie et en l’honneur de Saint Jean-Baptiste patron de la paroisse a été bénie par Victor Ollier, chanoine honoraire et curé doyen délégué par les vicaires capitulaires du siège vacant. Ladite bénédiction le 15 août, jour de l’assomption.

La sainte réserve a été transportée avec solennité à ladite église le 17 septembre, troisième dimanche dudit mois.

André Guignon vicaire, Jean Sicard Maire, V. Olli

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