En guise de présentation…
Per pas esblida lou chiami del bésaou
J’ai voulu sauvegarder, ci-dessous, quelques mots et expressions de nostro lengo.
Le choix est purement subjectif : mots intraduisibles en français, termes jugés pittoresques ou particulièrement expressifs… C’est dire si le terme de glossaire est prétentieux et à quel point son contenu est limité. Aussi, si des lecteurs peuvent enrichir ou corriger ce clapas, je leur exprime, dès à présent, toute ma gratitude.
Nota : L’écriture ne respecte pas les règles d’abord en raison de mon incompétence, mais aussi parce que, comme beaucoup de mes amis, j’éprouve du mal à lire notre langue lorsqu’elle respecte l’orthodoxie. Les termes en patois sont donc écrits comme je les entends, phonétiquement, c’est-à-dire dans une orthographe très approximative. C’est ainsi, entre autres que le B est substitué au V, que j’ai écrit CHI pour traduire les mots qui se prononcent TCHI (par exemple Chiadel plutot que Chadel… sans aller jusqu’à Tchiadel), que j’ai préféré pour la prononciation en LIA ou TIA ne pas remplacer le I par H (aguliado plutôt qu’agulhado), etc.
De plus, notre patois est de transmission orale, nos aïeux, dont beaucoup ne savaient ni lire ni écrire, parlaient une langue merveilleuse – un cousin, bien plus savant que moi – me disait trouver dans leurs conversations des imparfaits du subjonctif ! Mais ceci explique aussi des déformations et, dans ce recueil, un certain nombre d’erreurs sur des mots que j’aurais mal compris.
D’aucuns se permettent de qualifier notre langue de vulgaire ! Alors que tant de termes et d’expression perdent toute leur saveur lorsqu’ils sont traduits en français.
Je préfère, tellement, le jugement de Louis Hugon :
Notre langue gabale est essentiellement concrète, charnelle… on a presque envie de dire charnue. En l’occurrence le mot charnu est tout à fait justifié, mais je dirai plus : notre langue est goustouse, elle a du goût, elle laisse au fond de la gorge, à la manière du bon fromage un paou fat, quand on la pratique à haute voix, un goût délicieux qui dure longtemps.
En introduction, vous trouverez ci-dessous , avec l’autorisation de l’auteur, un poème de Jean Jouve de Saint-Julien du Tournel, que j’avais relevé dans la Lozère Nouvelle, il y a pas mal de temps déjà.
La traduction de certains mots figure dans le glossaire, pour le reste un peu d’imagination…
Quond ére effon a St Julien
Mous effons sabou pas deque fagion aïci,
Y abio pas la télé per para dé langui.
Alors boou lus counta ço que adoun s’y fagio,
Et mi soubene bien, d’occupachiéous, n’y abio.La primo azerbabions, et adoun chions bachios,
Ménabion al debés, al chion ou be al bouos,
Fagion jappa lous chis et nantres musabions,
Courrions din lous barthas, chiantabions, supplabions.Lou fé éro dalliat, alors fenaîrabions ;
Pieî chiabio meïssouna, las gierbos liabions,
Fagions de gierbîeîrous per fa secha lou blat,
Troubabions d’aousselous, uno ser, ou un rat.La primo amaï l’aoutou, al coutrié laourabions ;
Esterpabions lou fen et tirabions d’abon,
L’alaouzeto chiantabo, acos éro plasen,
Fagio bel ou plabio, chiabio ségre lou ten.Lou bespré, arréduch, anabions pas treppa
Tout juste se sourtions à la crous per parla ;
Las fédos, à la nuech, béniéou per si saqua
Countabions lous agnels abon de lous barra.A la fi de l’aoutou, à l’escolo anabions ;
Dedin ou per la cour, en parés jiougabions
Chions punichs caouques cops, d’antres cops n’on rigio,
A l’oustaou chiabio pas se plognié maï qu’aco.Quon l’hiber éro qui, la néou toumbabo prou,
Lindabions per chiamis, tirabions lou ménou,
Nous giagabions de frech, pourtabions lous esclochs,
Per nous achalouna, nous trajions de palochs.Fagions notres debouers, allaï à la beillado,
Nous sarabions del fioc, coujions la peiroulado ;
S’y digio la prièro abon d’ana durmi,
Et pieî pantaïsabions al liech jusqu’al mati.Lou ten au bien chiangiat, yo quicon maï a faïre.
Mais bous ou dise bien, et creigiet voste païre,
Aïmairio maï, lou bespre, espéra lous troupels
Que dabon la télé escarjuellia mous uels.